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Addictions en entreprise : la prévention, principal moyen d’action


Quels moyens de prévention des addictions en entreprise ?

L’addiction cause des répercussions sur la santé physique et mentale. En entreprise, comment gérer ce type de maladie qui dépasse le cadre du travail ? Quels sont les moyens d’action ?

Priscille De Charette (psychologue clinicienne pour Cabinet PSO) et Angélique Deghilage (consultante et psychologue du travail chez Aptitude) nous expliquent toute l’importance de la prévention : c’est là que l’entreprise dispose de la plus grande marge de manœuvre.

 

Quels sont les signes d’une addiction ?

 

Selon l’OMS, une addiction est un « état de dépendance périodique ou chronique à des substances ou à des comportements ». Il peut aussi bien s’agir d’alcool, de tabac ou de substances psychotropes que de jeux d’argent.

Pour évoquer une addiction, il faut compter au moins trois de ces manifestations caractéristiques :

  • Désir puissant ou compulsif ;
  • Difficultés à contrôler l’utilisation ;
  • Syndrome de sevrage ;
  • Effet de tolérance ;
  • Abandon progressif des autres sources d’intérêt ;
  • Poursuite de la consommation malgré les effets nocifs.

 

« Une addiction n’est pas une recherche de plaisir, rappelle Priscille De Charrette. Si la consommation a pu être plaisir au début (phase de rencontre), la position de dépendance n’en est plus un. »

Champ d’intervention, rôle des managers, identification des comportements à risque : quels enjeux pour l’entreprise ?

 

En entreprise, l’addiction met en jeu la sécurité des personnes et des biens, et augmente le risque d’accident du travail. Si l’employeur se doit de protéger ses salariés conformément au code du travail (article L4121-1), ses interventions sont limitées. La prise en charge d’une addiction relève des professionnels de santé. Elle requiert un accompagnement complexe, « pluridisciplinaire et à long terme », précise Priscille de Charette. « Savoir identifier les symptômes permet d’orienter les salariés, mais les managers ne peuvent pas faire plus. »

 

Côté managers et ressources humaines, justement, il n’est pas rare de se sentir impuissant voire dans une forme de déni. « Les chefs d’équipe peuvent se montrer complaisants et accompagner l’addiction pendant des moments conviviaux.  Il existe aussi une crainte de faire de l’ingérence dans la vie personnelle du salarié », indique Angélique Deghilage. « Cela montre une forme de protection chez les encadrants. Pourtant, l’entreprise est une ressource indispensable car elle permet de trouver un soutien, surtout pour les personnes chez qui l’addiction n’est pas due à l’activité professionnelle. » ajoute Priscille De Charrette.

 

Ces problématiques se posent lorsque les addictions sont déjà connues. Qu’en est-il des salariés dont les comportements ne sont pas identifiés ? « Dans nos interventions, nous faisons comprendre que les personnes dépendantes se connaissent. Il est plus difficile de toucher les consommateurs à risque qui ne se rendent pas compte de l’impact sur leur santé à terme » souligne Angélique Deghilage. La prévention est alors un moyen de déconstruire des croyances, de casser les représentations collectives et sociétales.

 

Dans la population active, 19,8 % d’hommes et 8 % de femmes ont un usage dangereux de l’alcool selon le questionnaire de référence AUDIT (Alcohol Use DIsorders Test) de l’OMS. – Données CONSTANCES 2022

 

Quelles solutions pour prévenir les addictions en entreprise ?

 

Poser un cadre réglementaire

 

« L’essentiel pour l’entreprise, c’est de comprendre qu’elle a une marge de manœuvre, qu’elle doit interroger ses pratiques et qu’elle doit structurer sa démarche de prévention » décrit Angélique Deghilage. Cette démarche peut commencer par le règlement intérieur et par l’ajout des conduites addictives dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). Par exemple, un dépistage par alcootest ou éthylomètre n’est possible que s’il est prévu dans le règlement intérieur de l’entreprise.

 

Écoute, communication et actions collectives de sensibilisation

 

Au-delà du règlement, la prévention des addictions nécessite des outils d’écoute active pour développer un lien de confiance. Parmi les moyens à mettre en œuvre : la formation des managers et des RH, un suivi des politiques de prévention, un accompagnement personnalisé et la communication sur les ressources existantes (y compris extérieures à l’entreprise).

 

C’est là qu’interviennent des spécialistes comme PmSm, Cabinet PSO et Aptitude, en collaboration avec le médecin du travail voire l’infirmière sur site. Il faut ensuite proposer des actions collectives pour toucher un maximum de personnes sans cibler les individus. Dans une entreprise ou une collectivité, cette sensibilisation peut se dérouler lors d’ateliers sur les différents types d’addictions et leurs conséquences. « Réfléchir collectivement et organiser un soutien individuel tout en respectant le secret médical. C’est la base d’une relation de confiance. », résume Angélique Deghilage. « L’écoute permet d’orienter et de sortir de l’impuissance » complète Priscille De Charette.

 

Dans le cas de l’addiction à l’alcool, l’employeur peut aussi montrer qu’il est possible d’organiser d’autres moments conviviaux. D’ailleurs, un défi ponctuel comme le Dry January est-il une bonne mesure collective pour sensibiliser les salariés ? « Oui » selon Priscille De Charette, « mais sur la base du volontariat et à condition de proposer d’autres événements dans l’entreprise. Cela touche les consommateurs sociaux et leur permet de s’interroger sur leurs pratiques. »