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Travail et handicap : « Ne pas se fermer des portes »


Depuis 2017, Carole est infirmière de santé en entreprise chez PMSm. À l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH), PMSm vous propose de découvrir son parcours et son rôle. Après une première partie consacrée à l’accompagnement, elle en dit plus sur le rôle des infirmières de santé en entreprise par rapport au handicap.

A lire : Handicap : un accompagnement « pour que chacun trouve sa place »

 

Les infirmières de santé en entreprise, des relais pour la prise en compte du handicap

 

Quel rôle ont les infirmières de santé en entreprise par rapport au handicap ?

En tant qu’infirmières de santé en entreprise, nous sommes des pivots entre différents acteurs : le service des ressources humaines, le service de santé au travail, le psychologue du travail ou encore les assistantes sociales… Lorsqu’on instaure une relation de confiance avec le collaborateur, on sait qu’on sera la première personne consultée en cas de difficulté. Et nous pouvons l’orienter vers les bonnes personnes !

Beaucoup n’osent pas se déclarer comme salarié handicapé, parce qu’ils ont peur que cela ne les freine dans leur carrière, ou que cela leur donne une étiquette.  C’est à nous de leur expliquer qu’au contraire, cela va permettre d’adapter leur poste, d’être plus productifs et de continuer à avancer.

Nous pouvons aussi être amenées à identifier des collaborateurs en difficulté au quotidien en raison d’une maladie chronique par exemple. Dans ce cas, nous pouvons vérifier les solutions possibles et l’orienter. Si elle bénéficie de la mise en place d’un matériel adapté, nous nous assurons que tout se passe bien : si le matériel convient, si des ajustements sont encore nécessaires…

Enfin, l’accompagnement peut aussi être administratif, par exemple pour initier une démarche de reconnaissance RQTH, ou faire des renouvellements RQTH. Il faut aussi souligner que certaines infirmières chez PMSm ont suivi des formations spécifiques pour l’accompagnement des collaborateurs RQTH : c’est une vraie force.

Prendre en compte les handicaps invisibles aussi

 

Où est-on de la prise en compte du handicap dans les entreprises ?

Les entreprises, et notamment celles de taille moyenne, sont encore assez frileuses sur l’embauche de personnes en situation de handicap. L’absentéisme lié au handicap leur fait peur. Mais au contraire, une personne en situation de handicap n’est pas plus absente qu’une autre dès lors qu’elle gère son autonomie et qu’elle est bien accompagnée. Et les solutions d’accompagnement sont très variées : des horaires adaptés, du matériel spécifique, le recours au télétravail…

Pour nombre d’entreprises, quand on pense handicap, on pense fauteuil. Mais non ! Il ne faut pas oublier que 80 % des handicaps sont invisibles. Certains collaborateurs peuvent souffrir de maladies chroniques. Le diabète, l’hypertension, une arthrose chronique sont autant de situations handicapantes… Le fait de les reconnaître comme travailleurs handicapés permet justement de mettre en place des aménagements pour bien se soigner. C’est aussi le cas pour favoriser le retour à l’emploi, dans de bonnes conditions, pour une personne qui soigne une maladie grave : un cancer par exemple.

Il y a pourtant de vrais avantages, pour l’entreprise et quelle que soit sa taille et son secteur d’activité, à mieux prendre en compte le handicap. Quels sont-ils selon vous ?

Les collaborateurs en situation de handicap qui sont mis en confiance et qui sont dans des situations de travail gérables, sont bien plus motivés. Ils travaillent avec autant d’efficacité que leurs collègues valides, j’en ai des exemples tous les jours. Ces personnes sont écoutées dans leur handicap : elles restent force de travail, et elles peuvent devenir force de proposition.

Tout est adaptable. Il ne faut pas se fermer des portes parce qu’on a un handicap. D’expérience personnelle, je sais que nous sommes encore plus force de proposition en étant handicapé. Nous sommes nous-même obligés de nous adapter en permanence, et de trouver des solutions pour faire autrement. C’est une vraie gymnastique d’esprit, qui permet de rebondir : si je ne peux pas le faire, ce n’est pas grave, on va trouver une autre solution !